Sentiment pur
Puisque Dieu verse à flots sur vos jeunes années
Les sourires perlés, la vigueur, la beauté,
Quand les roses seront sur vos lèvres fanées,
Gardez votre gaîté.
Puisque le Créateur vous fit intelligente,
Cherchez ce que l’esprit peut sur terre entrevoir.
Composez votre miel, abeille diligente,
Gardez votre savoir.
Puisque Dieu vous a fait la conscience honnête,
Ne laissez pas fléchir en vous la volonté :
À suivre le devoir éternellement prête,
Gardez l’austérité.
Et puisque Dieu vous fit capable de tendresse,
Gardez-la pour l’heureux que vous direz vainqueur ;
Mais dans vos yeux aimants s’il reste une caresse,
Gardez-la pour mon cœur.
Daniel BOURCHENIN.
Paru dans L’Année des poètes en 1897.