La nature
La nature entière est un temple
Qui s’en va, de plus en plus ample,
Jusqu’au faîte où Dieu resplendit ;
Sous l’arc de sa coupole altière
Monte l’éternelle prière
Que le premier âge entendit.
Ce sont des hymnes que les vagues
Roulent en bruits profonds et vagues ;
Dans les rocs, des orgues puissants
Font retentir toute la grève,
Quand le vent du large se lève
Sur leurs claviers retentissants.
La forêt, au divin silence,
Psalmodie à l’aube et balance
Les chœurs aériens de ses nids,
Et les frêles petites mousses
Ont des voix priantes et douces,
Tout au fond des poudreux granits.
L’homme seul demeure farouche.
Le cœur fermé comme la bouche,
S’aveuglant lui-même en chemin,
Dans son égoïste démence
Il met devant le ciel immense
La petitesse de sa main.
Georges BOUTELLEAU.
Paru dans Poésies de l’Académie
des muses santones en 1895.