La bénédiction du pain
Ô vous qu’on appela le pain vivant des anges,
Bénissez, ô Seigneur, le blé de notre grange
Pour nourrir une foule il vous suffit cinq pains.
Grâce à vous le soleil a mûri le bon grain,
Et le vent favorable a fait tourner les ailes
Des moulins dont la meule a moulu ponctuelle.
La braise chaude a cuit la pâte du pétrin,
Et voici, fait de mie et de croûte, le pain,
Pain de froment bluté, pain de seigle ou d’avoine,
Qui nourrit l’empereur, le soudard ou le moine.
Bénissez-le, Seigneur, donnez-lui la vertu
De rendre de la force et des nerfs aux perclus,
De ranimer les sens appesantis par l’âge,
De soutenir les cœurs ardents et le courage,
De garder sain l’esprit, de rendre les yeux clairs
Et de faire couler un sang vif par les chairs
D’un corps insoucieux de tout autre service
Que celui du Seigneur. Votre main le bénisse
Et que toujours il y en ait pour la besace
Du pauvre qui, poudreux, sur la grand-route passe.
Thomas BRAUN.
Extrait du Livre des Bénédictions,
Éditions Cahiers des Poètes catholiques.