Adieu, tristesses d’or

 

 

Adieu, tristesses d’or, suavités suprêmes,

Rites d’octobre doux, généreux et discret

Aux tombeaux compliqués de soleils chrysanthèmes,

Condescendance exquise au charme du Regret !

 

Les temps sont bien finis des chères promenades

Dans les bois corrompus sous l’odeur de l’éther :

Nous voici par la mort des pauvres temps malades

Confiés aux candeurs de l’innocent hiver.

 

Nous avions pris le mal qui vous mit dans la tombe,

Automnes, à toucher ce qui vous fit mourir ;

Oh ! la précaution de la neige qui tombe !

Pour nous ces soins muets dévoués à guérir !

 

Oh ! ces pas sans échos ! C’est triste, ce silence

Qui bien jalousement nous enclot en nous seuls,

Cette bonté qui veille et n’aurait d’indulgence

Que si nos lits neigeux devenaient nos linceuls !

 

Il faut guérir !... guérir... Au plafond de la chambre

Fulmine la splendeur de l’innocent hiver,

Demi-rêves du cœur, adieu ! voici décembre !

Voici Dieu, le vivant, qui se souvient d’hier !

 

 

 

Eusèbe de BREMOND D’ARS,

Les Tilleuls de Juin, Société littéraire de France.

 

Recueilli dans Louis Chaigne,

L’anthologie de la renaissance catholique : Les poètes,

Alsatia, 1938.

 

 

 

 

 

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