Mater admirabilis
Salut, illustre par la Grâce,
Astre nocturne et soleillé
Où le Soleil de notre race
A mis ses actes à veiller ;
Discret miroir tout au miracle
De concevoir le jour vivant ;
Tabernacle du pur spectacle ;
Maison de la Lumière enfant ;
Humble servante au clair courage ;
Foyer docile au Feu d’amour,
Salut en ce mortel visage
Qu’en toi se veut le Dieu du jour ;
Salut, entre ces nuits profondes,
Dans le salut de ta beauté ;
Salut, qui mets l’Image au monde
Sans lésion de ta clarté...
Ô rayonnante envers la terre !
Entière après le don divin !
Corps révéré de la Lumière,
Mère admirable des humains !
Mère, à jamais Vierge sacrée ;
Refuge du suprême instant ;
Phare des mers notre pensée ;
Fanal jusqu’en la fin des temps ;
Présente Reine des Prophètes,
Retirez-nous du triste sort :
Priez pour nous, pauvres poètes
De qui chaque heure est à la mort !
Eusèbe de BREMOND D’ARS.
Recueilli dans Louis Chaigne,
L’anthologie de la renaissance catholique : Les poètes,
Alsatia, 1938.