N’est-ce point tout ?...

 

 

N’est-ce point tout ? Ce jour cruel entre les pires

A cessé d’exalter sur nos chairs son délire

Avec une terrible et fatale lenteur,

Son orgueilleux soleil, énorme et tentateur,

Est tombé tout fumant dans l’eau de la nuit calme.

Tout se tait... Seulement, ce bruit mouillé de palmes

Ou de torches, plutôt, s’éteignant dans la mer...

Mais ce seul bruit lointain, comme un arrêt amer,

Suffit à rappeler tout le feu dans nos moelles

Et nous suspend là-haut la pitié des étoiles !

Il semble que ce ciel ne tienne plus à rien ;

Qu’en Votre seul silence il ait encor soutien,

Qu’un simple mot de Vous le ferait choir en terre !

Ah ! pitié pour celui qui vous entend vous taire,

Qui sent planer le Dieu qui ne décide pas,

Mais sait bien que l’oubli ne peut, sur son cœur bas,

Tomber des vastes bords de Vos muettes ailes !...

 

Paix sur les libres cœurs, Dieu des astres fidèles !

 

 

 

Eusèbe de BRÉMOND D’ARS.

 

 

 

 

 

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