Échos d’une musique de Beethoven
Solitude, ô fontaine de silence,
Mère sacrée des sources profondes,
Miroir magique des soleils intérieurs
Ruisselants de vagues sonores,
Depuis l’heure où dans ton délice
J’ai plongé ma vie éblouie,
Depuis qu’a déferlé sur moi
Le sombre charme de ta houle,
Ma nuit se peuple de feux.
Voici chanter de mon âme
Les étoiles étincelantes,
Sur le rythme qu’un Dieu me bat.
Tous les soleils de mon cœur,
Les planètes de ma joie,
Les comètes de ma douleur,
Résonnent clair dans ma poitrine.
Dans la lune de ma tristesse,
Insoucieux de toute gloire,
Que mon chant monte, et que très humble,
Devant mon or intérieur,
Le dénûment de ma vie,
Et les cimes de mon effort,
Ô Dieu d’Éternité, de toi je me souvienne !
Toute autre chose est chose vaine.
Clemens BRENTANO.
Traduction de Gustave Roud.
Paru dans les Cahiers du Sud en 1937.