Nöel
Tous les regrets quoncques furent au monde
Esmoy, soucy, ostez nous et tristesse,
Voicy le jour ou toute joye habonde,
Voicy soulas, voicy toute liesse.
Ô pastoureaux chantez en voix parfonde,
Harpes et luctz, le hault roy de noblesse
Vous salurez, par qui est sorty lunde
Qui a lavé de péché la rudesse.
Ô Baltazar, ô ta langue faconde,
Or présentas demonstrant la richesse,
Mais maintenant la bonté t’en redonde,
Tu estois veil, tu reviens en jeunesse.
Et toy, Jaspart, ô ton mir qui est monde
Bien demonstras qu’il soufferoit opresse.
Homme il estoyt, pourquoy rayson se fonde
Qu’il est mortel, non obstant sa haultesse.
Il est décent que chascun don responde
Selon celuy à qui le don s’adresse.
Donc Melchior, qui est roy de Sabonde
Offrit encens, comme roy de sagesse,
Prince des cieulx, de voulenté parfonde,
De cueur contrict, en petite simplesse,
Te supplions que ta bonté confonde
De l’ennemy l’astuce et la finesse.
Amen. Nouel.
François BRIAND, vers 1508.