La béguine
À sa croisée, emmi l’auréolé mystique
Du soleil que le soir alanguit par degrés,
Très raide dans sa guimpe et ses bandeaux serrés,
La béguine dit vêpre en son psautier gothique.
La bouilloire éternise un lai mélancolique,
Et les anges vieillots des cadres mordorés
Échangent vaguement des sourires navrés...
L’horloge, à l’infini, ponctue un long cantique.
Mon cœur, lorsque viendra notre arrière-saison,
Il siéra d’être ainsi cuirassé d’oraison
Contre l’esseulement cruel des heures lentes,
Tandis que loin de nous nos rêves auront fui
Comme un frivole essaim de cigognes errantes
Dont la troupe, au clocher, n’a dormi qu’une nuit.
Jean BRIVES.
Paru dans L’Année poétique en 1896.