Paroles graves

 

                                        À Georges de Myrte.

 

 

Oui, l’œuvre du Travail est une œuvre féconde,

Une œuvre qui peut seule encor tout enfanter,

Comme en six jours, naguère, elle enfanta le monde.

Partout elle répand ses bienfaits sans compter.

Oui, l’œuvre du Travail est une œuvre féconde,

Poète, et vous avez raison de la chanter !

 

C’est vrai, l’œuvre de l’Art est l’œuvre noble et fière ;

Au foyer du Génie allumant son flambeau,

Elle arrache ce siècle à l’immonde matière,

Et lui montre les cieux dans un élan nouveau !

C’est vrai, l’œuvre de l’Art est l’œuvre noble et fière,

Poète, et vous avez raison d’aimer le beau !

 

Oui, l’œuvre de la Foi, c’est une œuvre éternelle ;

Les siècles passeront. Dans son disque de feu

Le soleil s’éteindra. Rien ne survivra qu’elle,

Et tout l’effort du mal ici-bas n’est qu’un jeu !

Oui, l’œuvre de la Foi, c’est une œuvre éternelle,

Poète, et vous avez raison de croire en Dieu !

 

Oui, l’œuvre de l’Espoir est l’œuvre rédemptrice ;

C’est l’œuvre du Pays, l’œuvre de l’avenir !

Par elle nous avons fermé la cicatrice

De ce lion blessé qui ne veut pas mourir !

Oui, l’œuvre de l’Espoir est l’œuvre rédemptrice,

Poète, et vous avez raison de la chérir !

 

Oui, l’œuvre de l’Amour est une œuvre bénie ;

Elle enivre les nuits, elle charme les jours,

Elle remplit les cœurs de paix et d’harmonie

Et fait un paradis des plus tristes séjours.

Oui, l’œuvre de l’Amour est une œuvre bénie,

Poète, et vous avez raison, – aimez toujours !

 

 

 

Pierre BRONDEL.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1894.

 

 

 

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