Invocation à Dieu
Grand Dieu, dont la seule présence soutient la nature et maintient l’harmonie des lois de l’univers ; Vous qui, du trône immobile de l’empyrée, voyez rouler sous vos pieds toutes les sphères célestes sans choc et sans confusion ; qui, du sein du repos, reproduisez à chaque instant leurs mouvements immenses, et seul régissez dans une paix profonde ce nombre infini de cieux et de mondes ; rendez, rendez enfin le calme à la terre agitée. Qu’elle soit dans le silence; qu’à votre voix, la discorde et la guerre cessent de faire retentir leurs clameurs orgueilleuses.
Dieu de bonté, auteur de tous les êtres, vos regards paternels embrassent tous les objets de la création; mais l’homme est votre être de choix, Vous avez éclairé son âme d’un rayon de votre lumière immortelle : comblez vos bienfaits en pénétrant son codeur d’un trait de votre amour. Ce sentiment divin, se répandant partout, réunira les nations ennemies ; l’homme ne craindra plus l’aspect de l’homme, le fer homicide n’armera plus sa main; le feu dévorant de la guerre ne fera plus tarir la source des générations ; l’espèce humaine, maintenant affaiblie, mutilée, moissonnée dans sa fleur, germera de nouveau, et se multipliera sans nombre ; la nature, accablée sous le poids des fléaux, stérile, abandonnée, reprendra bientôt avec une nouvelle vie son ancienne fécondité; et nous, Dieu bienfaiteur, nous la seconderons, nous la cultiverons, nous l’observerons sans cesse pour Vous offrir à chaque instant un nouveau tribut de reconnaissance et d’admiration.
BUFFON.
Extrait de De la Nature, Première vue.