Vierge et Mère
(POUR NOS FRÈRES PROTESTANTS
QUI NIENT LA VIRGINITÉ DE MARIE.)
I
Frères, qui trouvez dur de ployer votre esprit
À l’étrange penser d’un être vierge et mère,
Pourquoi vous étonner, frères en Jésus-Christ ?
Écoutez l’hymne de la Terre :
II
CANTIQUE DE LA TERRE
Je sais que je ne suis qu’un atome de cendre
Un instant comparu devant l’éternité.
Mais, sur ma cendre morte, un souffle a palpité.
Par l’Esprit, l’humble Vierge a la fécondité.
Astres ! Voyez : ce sont des vivants qu’elle engendre !
Que suis-je, auprès de vos splendeurs, soleils de feu ?
Auprès des grondements altiers de vos puissances ?
Auprès des flamboiements de vos orbes immenses ?
Limon froid, muet, créature de peu,
Je ne suis rien. Mais je priai dans mes silences.
Stérile, je sentis de divines semences,
Et mes flancs ont conçu des images de Dieu.
Cendre, vierge, stérile, et mère des vivants !
Ce miracle s’est fait en moi, l’infime Terre.
Ô soleils ! D’où me vient l’ineffable mystère ?
Pourquoi ?... Pourquoi l’élue, entre tant de plus grands ?
III
Ô Vierge et Mère, en vous, le miracle suprême,
Exaltant jusqu’aux cieux l’humaine floraison,
C’est d’avoir, achevant l’énigme du limon,
Conçu, non son reflet, mais le Verbe Lui-même.
Georges BUGNET, Les Voix de la Solitude.
Paru dans Notre-Dame de Lyre :
L’hommage des poètes canadiens-français,
anthologie réalisée par Sœur Paul-Émile
et éditée par les Sœurs grises de la Croix,
à Ottawa, en 1939.