Savannah est tombée

 

 

                                       I

 

Inclinant la tête vers la poussière du sol,

      Elle est frappée et blessée ;

Un à un les feux de son foyer se sont éteints,

      Et un à un ses fils ont abandonné ses genoux.

Penchant la tête vers la poussière qui s’étale à ses pieds,

      Elle pleure ses beaux défunts ;

Silence ! gardez pour toujours le silence dans les rues,

      Mais regardez ! Ils reviennent.

 

 

                                       II

 

Ils reviennent, ô fils glorieux !

      Drapés dans l’étendard des gens libres ;

Reine du Sud ! de brillantes couronnes pour tes fils,

      Et pour toi seulement le cyprès.

Laurier, bannière, musique et tambour,

      Des marches, et de doux requiem ;

Silence ! gardez le silence ! Hélas ! comment ils arrivent :

      Ô ! comment ils parcourent les rues.

 

 

                                       III

 

Lentement, ah ! comme ils avancent lentement et de façon funèbre,

      En portant les jeunes et les braves,

Blonds comme l’été, mais pâles comme la neige,

      En les portant jusqu’au tombeau.

Certains au matin de leur vie, d’autres au crépuscule,

      Et d’autres encore à l’apogée de l’existence ;

Ni charmille ni floraison, ni été ni Juin,

      En les implorant de reprendre le combat.

 

 

                                       IV

 

Certains dans la houle, au loin, oh ! bien loin,

      Colorent les vagues de leur sang ;

L’un d’eux sur le pont supérieur du vaisseau, tel une étoile,

      Sombre dans le flot lumineux de la gloire.

Penchant la tête vers la poussière du sol,

      Elle est humiliée mais flattée,

Illuminant les cieux grâce aux étoiles de son foyer,

      Qui viendra la réconforter ?

 

 

                                       V

 

Apportez-lui, oh ! apportez-lui des habits de deuil,

      De la toile de jute et des cendres pour toujours ;

Ô vents du Sud ! soufflez aujourd’hui un requiem,

      Des soupirs et du chagrin.

Depuis les prunelles cérulées de l’empyrée, déversez,

      Sur les verts pâturages de l’été, des torrents de pluie ;

Rachel pleure, ô Dieu du ciel !

      Et Toi seul la réconfortera.

 

 

 

Alethea S. BURROUGHS.

 

Recueilli dans La poésie sudiste au temps de la guerre de Sécession,

florilège traduit de l’anglais et présenté par

Christophe DOLBEAU, Éditions Akribeia, 2021.

 

 

 

 

 

www.biblisem.net