Secret gardé

 

 

Secret que ma jeunesse autrefois devina,

Retombe dans ce cœur fermé comme une tombe ;

Tu n’y trouveras pas, dans ce cœur qui succombe,

L’ombre du doute amer qui jadis le mina ;

 

Les pensers douloureux du soir quand le jour tombe

Y germent, étoilés, comme les feux d’Etna,

Et les ressentiments que l’amour amena

N’y font qu’un bruit léger comme un vol de colombe.

 

C’est l’heure du silence et du recueillement.

L’âge me prend, l’hiver me guette et me surveille,

Ô souvenir ! fleuris à mon dernier moment !

 

Ainsi dans la douleur de la suprême veille,

Au tombeau de la Vierge, effarés, recueillis,

Les apôtres ont vu soudain croître des lis !

 

 

 

Alfred BUSQUET.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1896.

 

 

 

 

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