Jour de Dieu
Tu ne reviendras plus dans le chaud de l’étable
Tandis que tes deux mains saignent sur les rosiers
Tu vas et tu souris
Les pampas de tes yeux soulèvent des gazelles
Soudain les arbres font un doux cliquetis d’ailes
la cloche du souper berce le monastère
Je marche près de Toi
Ta croix est plus légère
Et nous nous arrêtons souvent sous les tonnelles
On parle à ceux qui boivent
La femme qui mendiait son fils était bien brave
Tu te souviens Seigneur
Celui qu’on a trouvé
Avec un gros bouquet de sang sur le côté
Tous les cœurs se dérident
Tu es loin
Et la croix a laissé un grand vide
Mais ta photographie est sur la cheminée.
René-Guy CADOU,
La vie rêvée, 1943.