Dans un dernier effort...

 

 

Dans un dernier effort épuisant sa vigueur

Mon rosier a fleuri trois roses d’ocre pâle.

Voluptueux encens que leur haleine exhale,

Comme tu m’as blessé d’énervante langueur !

 

Novembre, cette nuit, va meurtrir ces pétales

Qui retiennent la grâce en leurs plis, leur couleur.

J’ai souffert de désir pour la frêle splendeur

Qui m’échappe, livrée à des forces brutales.

 

Mon Dieu, pourquoi fais-tu la nature si belle

Puisqu’il n’est rien de beau qui soit durable en elle

Et que la mort soumet toute chose à sa loi ?

 

Ah !... Brisant le support où s’arrête ma vue,

Tu veux me faire aimer la Beauté toute nue,

La chercher à sa source et la trouver en Toi !

 

                                                                    1943.

 

 

 

André CAILLOUX, Fredons et couplets,

Beauchemin, 1958.

 

 

 

 

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