Chanson
À Maxime Rouneau.
Les hirondelles virent, virent
Se poursuivant avec des cris,
Ainsi mes rimes virent, virent
Dansant la ronde en mon esprit.
Les hirondelles frappent, frappent
Contre la vitre du ciel bleu,
Ainsi mes rimes frappent, frappent
À la fenêtre du Bon Dieu.
Les hirondelles jasent, jasent
Avec les anges dans le ciel,
Avec mes rimes jasent, jasent
Les angelots de Raphaël.
« Tiens, c’est donc vous, les hirondelles ?
Oui, les corolles vont s’ouvrir !
Que chantez-vous, rimes nouvelles ?
Notre poète va guérir ! »
Lors, pour mieux voir si claire, claire
La floraison du prunellier,
Buisson d’étoiles claires, claires
Qu’Avril allume par milliers,
Les petits anges roses, roses
Contre la vitre ont mis leur front,
Et leur haleine en brumes roses
Sur le cristal forme des ronds !
L’air est si doux qu’il grise, grise
L’hirondelle et le chérubin,
Les vers légers vous grisent, grisent
Comme si vous buviez du vin !
Les hirondelles tournent, tournent
Sans trop savoir ce qu’elles font,
Mes rimes folles tournent, tournent –
Leur farandole est ma chanson.
André CAILLOUX, Fredons et couplets,
Beauchemin, 1958.