Hymne au feu

 

 

                                                      À HENRY CARTON DE WIART

 

 

Tords tes longs bras de pourpre et tes molles spirales

Sur les chenets mordus par tes baisers ardents.

Dis tes graves chansons aux murs des vastes salles,

Fais-en vibrer la nuit, comme en les cathédrales

Vibrent de l’orgue ému les pleurs agonisants.

 

Verse des flots de vie aux plaines irisées

En de calmes matins, lorsque naît le soleil,

Et le soir, au déclin de ses splendeurs brisées,

Fais s’abîmer dans l’or les villes, embrasées

Par le suprême éclat de son regard vermeil.

 

Fils du Ciel, venge-le des Sodomes impures,

Fils de la Terre, étreins l’Etna de tes fureurs.

Ton règne est de partout : tu laves les souillures

Ou fais ardre nos flancs de brûlantes luxures,

Quand le Démon, ton dieu, nous souffle ses ardeurs.

 

Quel seras-tu pourtant, roi puissant sur la terre,

Lorsque dans l’au-delà du siècle anéanti,

Pour mériter son Dieu, dans l’effroi du mystère,

Mon âme râlera sous ta morsure austère,

Ô purificateur de mon cœur repenti !

 

 

 

Edm. CARTON DE WIART.

 

Paru dans Durendal en 1894.

 

 

 

 

 

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