La petite fille aux étoiles
Je sais une petite fille
Qui voulait, doux ange entêté,
Avoir une étoile qui brille
Dans l’infini des nuits d’été.
Elle y rêvait comme on délire,
Et lui disait des mots, tout bas,
À faire pleurer ou sourire, –
Mais l’étoile ne venait pas.
Elle ouvrait vers l’éther immense
Ses bras d’enfant pour la saisir,
Et l’appelait, dans le silence,
Avec des larmes de désir.
Dans sa confiance ingénue,
Elle la supplia longtemps,
Mais toujours au front de la nue
Restaient les astres éclatants.
Alors elle perdit courage ;
En sa chambrette, loin du bruit,
Elle tordit ses mains de rage
Et sanglota toute la nuit.
– Comme alors, l’étoile frissonne
Au sombre azur du firmament,
Mais elle est morte, la mignonne
Qui l’aimait passionnément.
Hélas ! qu’eût fait sur notre terre
Cette chercheuse d’irréel,
Cette âme éprise de mystère
Qui voulait les trésors du ciel ?
Elle eût rêvé l’inaccessible
En ce monde étroit et moqueur ;
Brisant sa chimère inflexible
La vie aurait brisé son cœur...
C’est pourquoi Dieu fit bien de prendre,
Quand elle était petite encor,
L’enfant trop altière et trop tendre,
L’amoureuse des astres d’or !
François CASALE.
Paru dans L’Année des poètes en 1892.