Sagesse
Oui, la douleur est le livre
Trop prompt à s’ouvrir ;
Quand on se regarde vivre,
On se voit souffrir.
Dès qu’ont passé les années
Des berceaux vainqueurs,
Bien des choses sont fanées
Au fond de nos cœurs.
Bien des chimères éteintes
Ne reviendront plus. –
Laissons-les partir sans plaintes
Ni pleurs superflus.
Allons aux champs de la vie
Puisque c’est la loi ;
Plions notre âme asservie
Sans chercher pourquoi.
Sous les cieux gris ou superbes,
Chacun à son tour,
Lions gerbes après gerbes
Tout le long du jour.
Travaillons à l’œuvre fière,
Soyons purs et bons :
Quand viendra l’ombre dernière
Nous nous en irons ;
Nous apporterons au Maître
Notre long effort,
Et nous comprendrons, peut-être,
La Vie et la Mort !
François CASALE.
Paru dans L’Année des poètes en 1892.