La pensée et la douleur
Dieu puissant, du nadir à l’étoile polaire,
Les mondes, dont chacun aux autres est uni,
Suivent, en tournoyant comme le grain dans l’aire,
Leur marche formidable à travers l’infini.
En est-il, parmi ceux que le soleil éclaire,
Dont le bonheur soit plus que du nôtre banni ?
Le deuil y règne. Il semble une œuvre de colère.
Si tu le corrigeais, ton nom serait béni.
La plus coupable vie, hélas ! et la plus sainte
Font monter jusqu’à toi leur déchirante plainte.
Les sorts sont variés : tous gémissent du leur.
Mais, désir sacrilège et prière insensée !
Pour bannir d’ici-bas le mal et la douleur,
Il en faudrait d’abord exiler la pensée.
Joseph CASTAIGNE.
Paru dans L’Année des poètes en 1895.