Orée
Je n’ai pas encore inscrit la promesse du matin :
Ce manège du soleil et des feuilles dans le parc
Ce premier décret du jour à l’innocence du lac
Et cette colombe noire au cœur blanc de l’aubépin.
Je n’ai pas encore dit la complicité des herbes
Attentives, des rameaux suppliants et des corolles.
Je n’ai pas, le cœur confus de bégayantes paroles,
Offert au jour évident mes effusions en gerbe.
Je n’ai pas encore étreint toutes ces frondaisons fraîches ;
Ces trois arbres sur un tertre et, sournoises, ces ramilles.
Je n’ai pas pieusement, sur les pelouses amies,
Interrogé la furtive apparence des saisons.
Je n’ai pas, je n’ai pas vu mûrir l’or de cette Vigne.
Confessant le gazon vif qu’ombrage au cœur de l’été
Ce vieux Cèdre pathétique et comme moi transplanté,
Je n’ai pas encore vu l’Hôte obscur me faire signe.
Chaque audace de chaque arbre ici me clame sa joie :
Chaque pousse est comme un cri, comme un chant, comme un accueil
Vers le Renouveau voyant qui s’arrête sur mon seuil
Et qui me jette au visage, insolent, ses nœuds de soie.
Georges CATTAUI.
Paru dans Courrier des poètes en 1937.