Si tu doutais

 

 

Dans le cercle du songe et sous la dent du labeur exécrable,

Je semble indifférent au va et vient de tes pieds admirables,

À ton babil de mère, à tes refrains qui fleurent le vieux temps,

À ton souffle dormeur que sous la porte avant l’aube j’entends,

 

Mais comme le vaisseau qui se balance au clapotis des lames,

                      Je m’abandonne à ta rumeur de femme.

Qu’elle tombe un seul jour : ma solitude à l’affût au dehors,

                                Plus sauvage qu’hier encor.

                                M’étranglera sur mes poèmes.

 

                      Si tu doutais que sans ombre je t’aime,

              Que je ne cherche pas un baiser plus parfait,

Que je ne languis point d’impossibles trésors, si tu doutais...

          Apprends qu’au fond de moi quand mon âme se mire,

          Loin de toute raison, de toute volonté,

          Au seul rayon d’un cœur brûlant de se suffire,

          Ton image apparaît qui cerne la beauté

                      Des cent autres que je désire.

 

 

 

René-Salvator CATTA.

 

Recueilli dans Les poèmes du foyer.

 

 

 

 

 

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