Aspiration
Il est sur la montagne une haute vallée
Où, vers la fin de mai, plus drus que des épis,
Des narcisses en foule, à corolle étoilée,
Recouvrent les prés gras comme d’un blanc tapis.
De ce charmant séjour éperdument épris,
Je voudrais m’y porter d’une prompte envolée :
Il rendrait le soleil à mon âme voilée,
Ce champ de blanches fleurs, au pied de rochers gris !
Bienheureux le mortel qui voit cette merveille !
Sur ce vallon sans doute un divin ange veille ;
Mais le chemin est long qui d’en bas y conduit.
Le Beau dans les hauts lieux attire à lui notre âme ;
Elle y pressent la pure et réchauffante flamme
Qui du monde idéal avec mystère luit.
Armand CAUMONT.
Paru dans L’Année des poètes en 1896.