Judith
« J’ESPÉRAIS au Seigneur, je méditais sa loi ;
« Un ange du Très-Haut est descendu vers moi ;
« Il m’a dit : Lève-toi, le Seigneur te réclame,
« L’étranger doit périr de la main d’une femme.
« J’ai suivi sans frayeur le messager des cieux ;
« J’ai marché dans la nuit, au flambeau de ses yeux.
« Ce fer frappe l’impie, et moi, faible servante,
« J’ai semé dans son camp l’horreur et l’épouvante.
« Sous le souffle de Dieu tout s’est évanoui ;
« Le conquérant n’est plus et le vainqueur a fui ;
« L’ange exterminateur le poursuit de sa lance,
« Et sur l’aile des vents je le vois qui s’élance. »
Ainsi parle Judith aux femmes de Juda,
Aux guerriers accourus des plaines de Maspha.
Tout le peuple sacré vient célébrer sa gloire,
Et proclame son Dieu le Dieu de la victoire.
Grande dans Israël, humble dans le Seigneur,
Judith d’un vain triomphe a rejeté l’honneur :
Elle fuit, et, soumise à son veuvage austère,
Elle cache sa vie et s’abstient de la terre.
Dieu seul prête la force et fonde la vertu :
Si l’homme a triomphé, lui seul a combattu.
Mortels abaissez-vous, le Seigneur vous l’ordonne !
Laissez la gloire au ciel, si le ciel vous la donne.
Hortense de CÉRÉ BARBÉ.
Paru dans les Annales romantiques en 1825.