Mon cœur

 

 

Comme à l’antique autel la vestale, à l’aurore,

Verse au feu consacré les parfums précieux,

Et le prêtre fervent, de l’huile de l’amphore,

Avive un lampadaire au temple de ses dieux,

 

Ainsi brûle en mon âme un flambeau que j’adore :

Il éclaire ma route en rayons radieux.

Près de lui l’univers est un rien que j’ignore

Et j’ai voué ma vie à son culte pieux.

 

Et j’ai fait de mon cœur une urne de porphyre

Où j’abrite sa flamme, et mes deux mains encor

La gardent du malheur à l’aile de vampire.

 

Dans les cieux éternels, mon cœur et son trésor,

Quand la mort éteindra mes yeux et mon sourire

Survivront en l’azur comme une étoile d’or.

 

 

Comtesse de CHAMPS DE SALORGES.

 

Paru dans L’Année poétique en 1906.

 

 

 

 

 

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