Hymne à Marie
Quand la cloche de la prière
Appelle à toi les malheureux,
C’est dans le simple sanctuaire
Que tu préside à leurs vœux.
Sur ton autel la jeune fille
Dépose son tribut d’amour ;
C’est la fleur, qui de fraîcheur brille,
Cueillie aux bosquets d’alentour,
Et les accents de l’orpheline,
Qui dans ton sein verse ses pleurs,
Montent vers toi, Vierge divine,
Avec le doux parfum des fleurs.
C’est toi qui calmes les alarmes.
Ton regard réjouit le cœur,
Tarit la source de nos larmes ;
Et ton sourire est le bonheur.
Ta chapelle sur le rivage
Est l’étoile des matelots ;
C’est elle qui pendant l’orage
Leur sert de guide sur les flots.
Que de biens répandus par ta douce présence !
Que de pleurs elle essuie et qu’elle fait d’heureux !
Honneur et gloire à toi mère de bienfaisance !
Honneur à toi reine des cieux !...
C’est une jeune fille au front pur et candide,
Qui s’avançant craintive et le regard baissé,
Vient invoquer ta grâce, et d’une voix timide
Te prier pour son fiancé.
Sa main presse sa main, près de lui prosternée.
Ils jurent de s’aimer et de s’aimer toujours.
Et toi, tu les bénis ; par un doux hyménée,
Tu récompenses leurs amours.
Plus loin c’est une jeune épouse.
Elle t’implore avec ferveur,
Rougit, de ton bonheur jalouse,
Et contemple l’enfant sauveur.......
Qu’elle est belle ! comme elle prie !
Le bonheur mouille ses beaux yeux ;
Son cœur est tout à toi, Marie,
À toi qui sais combler nos vœux...
Et moi, pour chanter tes louanges,
Je mêle mes faibles accents,
À la mélodie des anges
Qui t’offrent aux cieux leurs encens.
New-York, 29 décembre, 1839.
E. CHAMPY.
Paru dans L’Aurore des Canadas en 1840.
Recueilli dans Les textes poétiques du Canada français,
vol. IV, Fides, 1991.