Musique

 

 

Je m’étais assis, un soir, sur la grève,

J’avais l’âme triste et pleine d’ennui ;

Et le front penché, perdu dans un rêve,

J’écoutais chanter le vent dans la nuit.

 

Sa voix se mêlait aux soupirs des vagues,

Dont les bruits confus et multipliés

Forment un concert de murmures vagues

Dont l’écho venait mourir à mes pieds.

 

C’était une étrange et douce harmonie,

Comme le vieux temple en redit parfois,

Quand il chante au ciel son hymne infinie :

La vague était l’orgue, et le vent, la voix.

 

Car c’est une vraie et sainte prière

Que gémit la brise unie au flot bleu,

Et qui porte l’âme, ardente et légère,

Des ombres de l’homme aux splendeurs de Dieu.

 

Le charme emplissait mon âme alourdie ;

Je demeurai là, songeur, jusqu’au jour,

Écoutant de loin cette mélodie

Qui berçait mon cœur comme un chant d’amour.

 

Je m’étais assis, un soir, sur la grève ;

J’avais l’âme sombre et pleine d’ennui,

Et le front penché, perdu dans un rêve,

J’écoutais chanter le vent dans la nuit.

 

 

 

Édouard CHANOT,

Sourires et pleurs, 1891.

 

 

 

 

 

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