Le départ

 

 

Minuit ! C’est le départ ! Le vrai ! Pour la bataille !

Le village s’emplit d’un sourd frémissement.

Les escouades vont, dans l’ombre se formant,

L’une en un pré, cette autre au coin d’une muraille.

 

On s’est groupé sans bien se voir, vaille que vaille ;

Et cependant voici, muet déroulement,

Sur la route, au complet, correct, le régiment,

Prêt à marcher, dispos, où l’ordre veut qu’il aille.

 

Et l’église, en ce fond, reste ouverte où Jésus

Vient de nous départir son sang expiatoire,

Pour qu’il coule parmi le nôtre au champ de gloire.

 

Et dans la nef et dans le chœur entraperçus

Brillent la lampe d’or et les cierges sans nombre,

Espoir divin trouant de clarté la nuit sombre !

 

 

 

Jacques CHANU, La Couronne héroïque : Au Front.

 

 

 

 

 

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