La terrasse de l’hôpital

 

 

Onze heures du matin ! La visite est passée.

On n’entend plus de cris dans les chambres là-haut.

Les « valides » sont descendus – il fait si beau ! –

Lézarder un peu sur la terrasse embrasée.

 

Les valides : l’un d’eux, la mâchoire brisée,

Pousse d’un amputé le petit chariot ;

Celui-ci va traînant sa jambe ankylosée ;

Un autre a ses yeux morts cachés sous un bandeau.

 

Fiers visages ! Sur tous brille un rayon de joie ;

Oui, sur les plus meurtris !... Un beau rire éclatant ;

Vers l’azur un grand bruit de voix claires montant.

 

Et l’on ne sait ce qui davantage flamboie,

Dans l’éblouissement de ce matin vermeil,

L’âme de ces martyrs, ou le feu du soleil !

 

 

 

Jacques CHANU, La Couronne héroïque : L’Hôpital.

 

 

 

 

 

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