Le laboureur
Derrière deux grands
bœufs ou deux
lourds percherons
L’homme marche courbé, dans le pré
solitaire,
Ses poignets musculeux rivés aux mancherons
De la charrue ouvrant le ventre de la terre.
Au pied d’un coteau vert
noyé dans les
rayons,
Les yeux toujours fixés sur la glèbe si
chère,
Grisé du lourd parfum qu’exhale la
jachère,
Avec calme et lenteur il trace ses sillons.
Et, rêveur, quelquefois il
ébauche un
sourire :
Son oreille déjà croit entendre bruire
Une mer d’épis d’or sous un soleil de
feu ;
Il s’imagine voir le
blé gonfler sa
grange ;
Il songe que ses pas sont comptés par un ange,
Et que le laboureur collabore avec Dieu.
William CHAPMAN.