Ballade à Marie


Mère de Dieu, divine ménagère
Qui besognez aux célestes parvis,
Reine angélique, et pauvre sur la terre,
Tout occupée à frotter le logis,
À cuisiner, à tirer l’eau du puits,
Apprenez-nous cet art du sacrifice
Car nous serions disposés au dépit
S’il nous fallait n’attendre que justice !

Lasse ce soir de besognes vulgaires,
Le cœur serré d’absurdes chamaillis,
Je viens à vous pour vous dire ; ô ma Mère,
Donnez courage aux femmes d’aujourd’hui !
Vous qui, trente ans, travaillâtes sans bruit
En attendant de vider le calice,
Épargnez-nous d’être âprement surpris
S’il nous fallait n’attendre que justice !

Cancan, laideur, sottise, m’exaspère,
Je ne suis pas bien indulgente ni
Douce pour ceux qui ne me plaisent guère,
Je souris peu à qui me contredit.
Reine de Paix qui voyez mes délits,
Dame de qui dépend tout bénéfice,
Je le sais trop, mon lot serait réduit
S’il nous fallait n’attendre que justice !

Reine, à ma mort, m’accordez votre appui
Quand s’ouvrira l’infernal précipice !
Quels sombres lieux recevraient notre esprit
S’il nous fallait n’attendre que justice ?



Henriette CHARASSON.

 

 

 

 

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