Berceuse de l’enfant pauvre
Il n’est pas né dans un palais,
Sur un lit couvert de fourrures :
Aucune auberge n’en voulait,
Il est né dans une masure
Où les bêtes se réfugiaient.
Le plafond était sans dorures,
Et par les trous du toit passaient
Le vent, la pluie et la froidure.
Il n’est pas né dans un palais.
Refrain :
Et toi non plus,
Mon doux Jésus
Mon fils à moi,
Mon petit Roi.
Si tu t’endors,
Petit trésor,
Pour ton bonheur,
Mon petit cœur,
Le jour viendra.
Je l’entends qui vient déjà.
Son père n’était pas puissant,
Il n’était pas grand personnage.
Ce n’était qu’un pauvre artisan,
Le charpentier de son village.
De ses mains habiles, pourtant,
Il créait de la belle ouvrage.
Il n’a pas trouvé en naissant
Le soutien d’un riche héritage.
Son père n’était pas puissant.
(au refrain)
Sa mère n’avait pas d’argent,
Pas de bijoux, pas de dentelles,
Pas de robe de satin blanc,
Ni parfums, ni riches vaisselles.
La peine des jours et des ans
Ne pèse pas au cœur fidèle.
Sans bijoux, sans or, sans diamants,
Il voyait bien qu’elle était belle.
(au refrain)
Mais ils ne l’aimaient pas, l’Enfant,
Les rois de l’or et de la guerre,
Ceux des palais, les possédants,
Les banquiers, les propriétaires,
Les cœurs fermés aux pauvres gens.
Ils ont payé pour s’en défaire.
Il reviendra au bout des ans,
Juger les maîtres de la terre,
Car ils ne l’aimaient pas, l’Enfant.
(au refrain).
Jacques CHARPENTREAU, Le romancero populaire,
Éditions ouvrières, « Caliban », 1974.
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