Complainte de Thomas
Toutes les portes étaient closes,
Fermés les verrous et les cœurs,
Car les apôtres avaient peur ;
Leur jette la pierre qui l’ose
Après la mort de leur Seigneur.
Au milieu de ces pauvres hommes,
Jésus apparut tout à coup.
Il dit : « La paix soit avec vous.
Voici l’Esprit que je vous donne. »
Ils tombèrent tous à genoux.
Mais Thomas, surnommé Didyme,
S’était absenté ce jour-là.
Ses amis lui dirent : « Thomas,
C’est bien le Seigneur que nous vîmes. »
Mais Thomas dit : « Je ne crois pas. »
Jésus revient pour l’incrédule,
Et Thomas peut mettre les doigts
Dans les trous des clous de la croix,
Dans la plaie du flanc qui le brûle,
Et Thomas dit : « Seigneur, je crois ! »
Au cénacle de nos misères,
Pouvoir dire ces simples mots !
Mais nous souffrons des mêmes maux,
Sceptique Thomas, notre frère,
« Didyme » veut dire « jumeau ».
Et pourtant, Thomas fut fidèle,
Et pourtant, l’Esprit le soutint :
Il partit en pays lointains
Annoncer la Bonne Nouvelle
Et mourut en vaillant témoin.
Jacques CHARPENTREAU, Inédit.
Paru dans La vie de Jésus
racontée par les poètes,
par Jacques Charpentreau,
DDB, 1982.