À mes fleurs
BELLES fleurs de mon jardin,
Que ma main
Avec tendresse cultive,
Grandissez !... Et qu’en ce lieu
Jamais feu
Du ciel trop brûlant n’arrive.
Oh ! que j’aime à mon réveil,
Du soleil
Quand je préviens la lumière,
À contempler vos splendeurs !
Vos senteurs
Portent plus haut ma prière.
Portez, portez jusqu’aux cieux
Et les vœux
Et les ardeurs de mon âme :
Hélas votre parfum pur
Est plus sûr
D’y pénétrer que sa flamme.
Tendres fleurs, quand je vous vois
Une voix
Doucement semble me dire :
« Aime Dieu !... comme la fleur,
« Que ton cœur
« Chérisse son doux empire !
« Bénis pour nous sa bonté !
« La beauté
« Qui sur notre front rayonne
« Est de sa main un bienfait :
« Plus parfait,
« Tu sais mieux ce qu’il nous donne ! »
Et ce langage muet,
Pur reflet
De votre constant sourire,
Fait parfois rougir mon front :
Cher affront
Qui toujours vers vous m’attire.
Vous êtes mon seul trésor :
Plus que l’or
À mon cœur vous êtes chères ;
À d’autres richesse et bien,
Pour moi rien
Que vos parfums salutaires.
Auprès de vous je connais
Joie et paix,
Douce et calme rêverie,
J’oublie et peine et besoins :
Je sais moins
Que l’on souffre dans la vie.
Abbé CHARVOZ.
Recueilli dans Le Parnasse contemporain savoyard,
publié par Charles Buet, 1889.