Marie
J’ai quitté la demeure
Où l’âme chante et pleure,
J’ai quitté la demeure
Où je n’étais que moi.
J’ai quitté la demeure,
Ô que mon cœur est coi.
J’ai trouvé, précieuse,
La rampe sinueuse,
La table somptueuse
Dans le mouvant été ;
J’ai trouvé, précieuse,
La grave volupté.
En bas s’abîme l’âme
Dans le soufre et la flamme ;
En bas, la bête clame
La fête des cinq sens.
En bas s’abîme l’âme
En haut, monte l’encens.
J’ai quitté la demeure
Où l’âme se deffleure.
Ô que la flamme meure
Car je n’étais que moi.
J’ai quitté la demeure
Ô que mon cœur est coi.
Robert CHARBONNEAU.
Paru dans la revue Marie en mars-avril 1949.