Sans ton regard
Je ne me demande pas si je t’aime, je sais seulement que ma vie est rivée à ta vie.
Je ne me demande pas si je t’aime, je sais seulement que si tu partais rien n’aurait plus de saveur,
Ni la couleur du ciel, ni la lumière transparente, les ombres du jour déclinant, le chant de la fontaine jaillissante,
Ni les fleurs, les arbres, les champs, tout ce qui fait de notre modeste apanage un domaine royal.
Il y a toi d’abord, et puis, venant de toi, autant que toi se confondant avec toi nos enfants, qu’il est si doux d’aimer ensemble...
Je ne me demande pas si je t’aime, je sais seulement que j’ai besoin de toi comme on respire.
Je ne me demande pas si je t’aime, je sais seulement que je ne conçois pas ce que c’est que vivre sans ton regard.
Henriette CHARASSON, Deux petits hommes et leur mère, Flammarion.
Recueilli dans Les poèmes du foyer.