La servante est parfaite
Servante ! Ce beau mot grandit sur votre bouche
Et l’archange incliné n’est pas seul à l’ouïr ;
Jusqu’aux portes du ciel il s’élève, il les, touche,
Et la force d’un mot suffit à les rouvrir.
Ô Vierge, ô bien-aimée entre toutes choisie
Et gloire du parterre entre toutes les fleurs,
Ce mot qui nous délie est celui qui vous lie
Et son humilité passe toutes splendeurs.
Comme il franchit, joyeux, votre lèvre tranquille,
Ce « oui » qui donnait tout et ne demandait rien !
Comme au plus grand amour il vous rendait habile,
Ce « oui » qui décidait du sort du genre humain !
Pour le consentement de ce « oui » magnifique,
Si docile à répondre à l’appel du Très-Haut,
Il fallut que l’aveu vint d’une femme unique
Et que le cœur fut simple en un corps sans défaut.
Le Maître peut venir, la servante est parfaite
Qui ne dira jamais tout ce qu’elle a souffert.
Et toi, toi, cœur toujours inquiet de ta dette,
Reste un servant d’amour devant ce lys de chair !
Guy CHASTEL.
Paru dans la revue Marie en juillet-août 1952.