Ayez pitié...
Ayez pitié de ceux qui sont morts à la peine,
Bonnes gens, tendres cœurs !
Comptez pour larmes leurs sueurs,
Pour enfer leur temps de géhenne !
Seigneur, leur courte vie est un chemin de croix.
Leurs quatorze misères
Feraient pleurer jusques aux pierres ;
S’ils n’étaient tombés que trois fois !
Ah ! présentez à tant de chutes vos mains douces !
Au terme du chemin,
Qu’ils mordent à même le pain !
Ils ont mangé le fruit des brousses.
Et dites-leur à tous : « Mon frère, je t’aimais.
Joue et ris, toi qui pleures !
L’étoile chante en mes demeures
Et le lys n’y passe jamais. »
Guy CHASTEL.
Extrait de Vigiles, Le Pigeonnier.