Le réveil
Voir se lever soudain le voile obscur des causes
Et resplendir l’amour dans chacune des lois
Qui régissent le monde en ses métamorphoses,
Des sphères de l’espace à la mousse des bois ;
Tout savoir ! pénétrer le mystère des choses
Et des liens du corps ne plus subir le poids ;
Comprendre à leurs parfums le langage des roses ;
Ne plus se souvenir des douleurs d’autrefois ;
De ceux qu’on a pleurés retrouver les caresses,
Sentir son cœur s’ouvrir à d’immenses tendresses,
Être affranchi du mal, n’avoir plus un remords,
Et s’élever toujours, de lumière en lumière,
Jusqu’au rayonnement de la cause première :
Tel sera le réveil que Dieu garde à ses morts.
Ernest CHATONET.
Paru dans L’Année des poètes en 1896.