Le vrai renouvellement
Une société en mal de renouvellement total de soi-même n’est pas vraiment une société soulevée par la volonté de se renouveler, mais seulement rendue au bout des ressources de la vie. C’est une société désormais privée de toute liaison avec les forces créatrices, et qui n’est en mesure de savoir si elle doit se survivre que par les forces qu’elle se sent encore. Ainsi prend-elle sa chute pour le passage qui l’amène à un état dont elle aura moins à souffrir.
Pour s’engager sur le chemin dont nous parlons, il faut aimer Dieu plus que ses propres pensées, posséder, au plus profond du cœur, un sens très particulier de ce qu’il y a de régénération promise dans le commerce du Dieu que peut atteindre la Connaissance, vouloir enfin cette régénération au-dessus de toutes choses. Bienheureuse la société dans laquelle se rencontrera une élite d’esprits religieux capable de comprendre cette pensée et d’accepter de se faire l’humble instrument de sa souveraine efficacité.
Alphonse de CHATEAUBRIANT.
Paru dans Nation nouvelle
en août 1959.