Noël
Celui qui sut aimer l’homme jusqu’à la Croix,
À peine était-il né, réunit deux hommages,
L’humble foi des bergers et les présents des mages
Pour mettre en Dieu l’accord des peuples et des rois.
Ce pacte, on l’a rompu. Les cœurs traîtres et froids
Ont permis de marcher sur les saintes images,
Mais le châtiment vient, et de nouveaux dommages
Font pleurer, chaque jour, l’airain des vieux beffrois.
Noël, Noël, ta nuit jamais ne fut plus sombre,
Et dans l’effondrement de l’honneur où tout sombre
Le désespoir s’accroît des gloires des aïeux.
Ah ! ces pasteurs campés sous leur tente de toile.
Quand pourrons-nous, suivant leur exemple joyeux,
Marcher vers l’Orient, guidés par une étoile ?
Louis de CHAUVIGNY.
Paru dans L’Année des poètes en 1891.