Sinite parvulos

 

 

Laissez venir à moi tous ces petits enfants ;

Le royaume des cieux est pour qui leur ressemble,

A dit le doux Jésus. Les petits tous ensemble

S’avancèrent sans crainte, émus et triomphants.

Et lui, le grand docteur, l’oracle, la sagesse,

Près de lui, tour à tour, souriant les plaça,

S’inclina tendrement et puis les embrassa,

Laissant tous les savants rire de sa faiblesse ;

Car l’homme, c’était tout aux yeux du pharisien,

La femme, peu de chose... et l’enfant n’était rien.

 

Laissez venir à moi toutes ces jeunes têtes,

Dit le Seigneur Jésus. Dans ses plus belles fêtes,

Du fond du tabernacle il nous appelle encor ;

Il n’attend point que l’âge ait mûri nos pensées,

Il les prend en leur fleur à peine commencées,

Et tous les séraphins avec leur harpe d’or

Font résonner des cieux l’harmonieuse enceinte,

Quand par vous conviés devers la table sainte,

Seigneur, en longue file, émus et triomphants,

Pour la première fois s’avancent vos enfants.

 

Laissez venir à moi ces pauvres jeunes âmes,

Dit-il encore : au ciel assurons leur bonheur,

Avant que du démon les embûches infâmes

Ne troublent leur éclat, ne souillent leur candeur.

Et l’on voit s’envoler mille blanches colombes,

Et les mères, hélas ! sur de nouvelles tombes

Ne cessent de pleurer. Les plaintes de Rachel

Redisent dans Rama leur désespoir cruel ;

Plus d’une ne veut point, dans sa colère folle,

Que la main de Dieu même un instant la console !

 

 

 

Pierre-Joseph-Olivier CHAUVEAU.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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