Le mitron
le mitron pétrit la pâte en silence
lourde traîne soie de pâle mariée
humble serviteur de ce monde immense
où le pain des foules s’est multiplié
nuée de froment, ange providence
il offre ses mains qui viennent puiser
aux moissons dorées des rêves d’enfance
le pain qui nourrit, pain d’éternité
et comme il est chaud ce désir d’aurore
c’est de ce levain que s’en vont éclore
tant de miches blondes, suaves senteurs
brûlot de tendresse, manne aux malheureux
flamme de l’amour, fournil de ferveur
où le pain des hommes se nourrit de Dieu
Anne CHAVÉRIAT.
Recueilli dans Le Pain,
Jean Grassin Éditeur,
Paris-Carnac, 1997.