Psaume de Pâques
J’ai posé la joie sur le front de mon peuple
Et tout l’azur d’avril en ses prunelles de franchise
Christ éternel refleurit aux failles du rocher de deuil
Tandis que les pâquerettes et les bleuets ponctuent les délires du sol vierge.
Ce peuple connaît la victoire de mon printemps
Comme la force de mon Serviteur, exultant sous le fouet
Pour délivrer ton sang rajeuni et pour que l’eau reprenne course
La terre a éclaté sous le désir d’un Dieu.
J’ai soufflé comme un ouragan d’allégresse à travers les saules et le jeune blé
J’ai mis le soleil à ton service
Une aube de Résurrection pour la fermeté de ta foi
Jusqu’aux plaines sans frontières et par-delà les monts du rachat.
De l’aube à l’aube la ceinture de lassitude est lacérée
Les pelouses frémissent dans l’Hosannah des papillons
La guêpe de Pâques mène la danse avec les scabieuses et la centaurée
Christ a vaincu la mort par les clous et la ronce.
L’Alleluia de paix a jailli de mon peuple aux mains déchirées
Dont les bras ont pesé la Croix – car ce peuple m’a prêté son épaule
Ma Pâque se renouvelle pour ceux qui sont descendus avec la poitrine étoilée
Voici le sceau des routes franches où passe mon triomphe.
Maurice CHAVARDÈS.
Paru dans la revue Positions en 1944.