Départs
Des départs sont en moi comme des rêves morts,
Des départs invécus comme des amours vagues,
Nourris comme d’alcools des stridences des ports,
Des départs sans retour, dispersés par les vagues.
Je revois un ciel pur emplissant les hublots,
Le vol blanc d’un oiseau qui va rasant l’écume.
J’entends des clapotis pareils à des sanglots
Et des sifflets lointains qui déchirent la brume.
Est-ce que mes départs mourront avec ma chair
Ou, liés à mon âme au delà de ma tombe,
Me chanteront sans fin les appels de la mer
Et les secrets des vents à l’heure où le soir tombe ?
Marc CHESNEAU.
Paru dans Hommes et mondes en décembre 1948.