Un nuage

 

 

Un nuage qui flotte derrière le soleil

Étale des pans d’habits rouges.

Il appelle le soleil, pour le coucher,

Dans l’océan bleu, et le couvre,

Comme une mère son enfant,

D’un voile rose...

Ça fait plaisir à voir... Ah ! si l’on pouvait,

Une heure, une petite heure,

Causer avec Dieu,

Avant que le cœur se repose !

Mais déjà le brouillard, l’ennemi,

Couvre la mer

Et le nuage rose ;

Le brouillard chenu derrière lui

Répand l’obscurité

Et, dans cette muette obscurité,

Ose envelopper ton âme.

Et toi, tu ne sais plus où te mettre.

Et toi tu attends l’au-delà

Comme un enfant sa mère.

 

 

 

Tarass CHEVTCHENKO.

 

Recueilli dans Anthologie de la poésie russe

du XVIIIe siècle à nos jours, par Jacques Robert

et Emmanuel Rais, Bordas, 1947.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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