La Vierge du Pérugin

 

 

VIERGE du Pérugin, au sourire extatique,

Qui penchez votre col avec ses cheveux roux,

Oh ! que vous êtes pure et votre âme mystique !

Oh ! que vous êtes belle en vos traits fins et doux !

 

Vous êtes belle ainsi qu’une tendre colombe

Qui s’abreuve à la source où les cailloux sont clairs.

Comme un ciel de midi, quand la lumière tombe,

Vous êtes blanche, ô Vierge, en votre âme et vos chairs.

 

Blanche comme le pain qui fait vivre, et l’hostie,

Douce plus qu’une étoile et qu’un rayon de miel,

Vous êtes belle, ô Vierge, en votre modestie,

Comme un lys entr’ouvert pour contenir le ciel.

 

Vierge, votre jeunesse a la senteur des vignes !

Inaccessible fleur des buissons épineux,

Vos charmes sont pareils à des groupes de cygnes

Qui sèchent leur duvet sur le bord sablonneux.

 

Votre front est plus pur que les neiges intactes.

Le murmure confus de nos cœurs moribonds

Fait à vos pieds sacrés le bruit des cataractes

Qui chantent dans la brume et dans les soirs profonds.

 

Vierge du Pérugin, ô Vierge immaculée,

Sur les tristes, sur les obscurs, sur les pécheurs,

Répandez à jamais la lumière étoilée

Qui filtre entre vos cils, ô reine des blancheurs !

 

 

 

 

Robert CHOQUETTE, À travers les vents.

 

Paru dans Notre-Dame de Lyre :

L’hommage des poètes canadiens-français,

anthologie réalisée par Sœur Paul-Émile

et éditée par les Sœurs grises de la Croix,

à Ottawa, en 1939.