La Vierge qui écoute
À l’église de mon village de Brangues il y a la chapelle du château :
C’est là que je vais tous les jours à cinq heures parce qu’il fait trop chaud.
On ne peut pas se promener tout le temps, alors autant aller chez le Bon Dieu
Dehors le soleil à tue-tête s’en donne, et la route à travers la place en hurlant, on croirait qu’elle crie : Au feu !
Mais, dedans, la Sainte Vierge devant moi pour moi, elle est aussi pure et fraîche qu’un glacier,
Toute blanche avec son fils dans sa belle robe tout blanc, si longue qu’on ne lui voit que le bout des pieds.
Marie ! c’est ce bonhomme encore une fois qui est là, tout débordant d’anxiétés et de désirs :
Ah, je n’aurai jamais assez de temps pour les choses que j’ai à vous dire !
Mais elle, les yeux baissés, avec un visage sérieux et tendre,
Regarde les paroles sur ma bouche comme quelqu’un qui écoute et qui se prépare à comprendre.
Brangues, 27 juin 1934.
Paru dans Nouvelles Littéraires le 14 février 1934.
Recueilli dans Louis Chaigne,
L’anthologie de la renaissance catholique : Les poètes,
Alsatia, 1938.