L’homme
si je dis que le monde est un Adam rompu
dont le sang a giclé en poussière d’étoiles
vous rirez hommes gris prisonniers des désastres
serviteurs d’un dieu mort qui ne sait que tuer
et se tuer aussi pour être pardonné
le monde est intérieur à l’homme où dieu s’incarne
le soleil réunit ses yeux interrompus
son corps les bras tendus est la torche qui trace
une croix une rose un cœur enfin ému
la lune et le soleil sont à droite et à gauche
comme ces plaies de jour taillées dans les absides
inclinées sur la coupe où le monde s’assemble
et dont les galaxies sont les gouttes errantes
qui parfument de feu les boucles de l’aimé
Olivier CLÉMENT,
Déracine-toi et plante-toi dans la mer,
Éditions Anne Sigier, 1998.